Discret mais omnipotent, Philippe Boniface est l’archétype du haut fonctionnaire d’un Protectorat conservateur. Ayant servi sous tous les résidents généraux, celui qui deviendra l’équivalent d’un tout puissant ministre de l’Intérieur incarne la répression en faveur des intérêts coloniaux. Autopsie du système Boniface, sans doute le plus puissant adversaire de l’indépendance du Maroc.
D’abord simple interprète, puis contrôleur civil, avant d’être propulsé à la direction des Affaires politiques, englobant au passage tout l’appareil sécuritaire de la région de Casablanca, Philippe Boniface est un personnage incontournable du Protectorat français au Maroc. Son ascension est aussi fulgurante que décisive dans l’histoire coloniale du royaume. Son rôle dans l’organigramme du Protectorat est si essentiel que ses soutiens s’arrangent pour prolonger sa fonction malgré l’âge limite de la retraite.
Son départ de la fonction publique ne l’empêche pas, pour autant, de demeurer actif dans la défense des intérêts coloniaux. Fort d’un réseau d’ultras fidèles et d’une solide implantation dans le milieu des affaires, Boniface demeure jusqu’au bout un véritable cauchemar pour les nationalistes marocains. Mais qui est cet homme de l’ombre qui a tant œuvré pour faire, de gré ou de force, du Maroc un territoire français avant tout ? Pourquoi est-il désigné dans la littérature coloniale marocaine comme l’instigateur des plus sanglantes répressions à l’encontre des militants nationalistes et comment est-il parvenu à se maintenir au sommet de l’administration du Protectorat ?
Par Sami Lakmahri
Lire la suite de l’article dans Zamane N°132