On connaît Bou Hmara comme l’homme qui voulait détrôner le sultan, mais peu savent encore ce qu’étaient ses desseins de «futur sultan». Un pan de la vie d’un homme mystérieux révélée par un journaliste de l’époque, Jean Rodes.
Traité de «barbare» par la presse internationale et en proie à une guerre civile en raison du soulèvement d’un prétendu prétendant au trône au tout début du XXe siècle, le Maroc était un terrain fertile pour aventuriers et journalistes à la recherche d’une histoire à raconter aux lecteurs des grandes publications de l’époque. C’est ainsi que la revue française Je sais tout (250000 exemplaires) décida d’envoyer sur place un reporter afin d’interviewer un personnage sorti de nulle part et qui déclarait être Moulay Mohamed, le fils de Hassan Ier. Surnommé Bou Hmara, parce qu’il montait une ânesse le jour de son apparition dans la tribu des Ghiatas, cet homme se disait être le frère aîné du sultan Moulay Abdelaziz et l’héritier légitime du trône alaouite. Il contrôlait déjà un vaste territoire et possédait une armée moderne quand il décida d’accorder une interview à un journaliste français, Jean Rodes. Il avait compris à cette époque déjà que son combat se jouait aussi à l’étranger et qu’il fallait gagner les faveurs de l’opinion publique internationale. À la fin du mois de janvier 1906, Jean Rodes débarqua d’un petit yacht en terre marocaine où l’attendait un envoyé du Rogui. Le Français Gabriel Delbrel se présenta comme le « chef d’état-major du prétendant ». En fait, il était géographe ou topographe, pensent certains chercheurs. En tout cas, Delbrel était un extraordinaire connaisseur du Maroc d’avant le Protectorat qui laissa pour la postérité des ouvrages incontournables pour la connaissance du vieux Maroc et une foule de renseignements sur Bou Hmara qui seront utilisés par l’écrivain espagnol Eduardo
Par Adnan Sebti
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