Ce n’est pas tous les jours que deux journalistes-écrivains sont accusés d’avoir tenté de faire chanter un chef d’Etat. L’affaire est d’autant plus «piquante» que les écrivains en question sont deux «clients» bien connus du Maroc, pour avoir signé un brûlot qui a défrayé la chronique, Le roi prédateur. Et que le chef d’Etat en question n’est autre que le roi Mohammed VI.
Si l’affaire passionne autant, c’est qu’elle renvoie aux rapports si complexes qui lient la monarchie marocaine à la presse française, mais aussi, plus généralement, le Maroc à la France. Des rapports qui ont toujours été faits d’un mélange à dosage variable entre fascination, attirance et répulsion. Zamane revient sur cette histoire, ces histoires. Avec quelques passages obligés, qui ont beaucoup compté. Comme les frustrations et incompréhensions nées de la période du Protectorat. Ou l’enlèvement de Mehdi Ben Barka à Paris, en 1965, qui a provoqué la première rupture du Maroc indépendant avec l’ancienne puissance protectrice. Ou encore l’histoire incroyable de Notre ami le roi, en 1991, un livre qui doit beaucoup à une femme exceptionnelle (Christine Daure) et qui a précipité la libération de plusieurs prisonniers politiques, ainsi que la fermeture des bagnes secrets, dont le tristement célèbre Tazmamart. Derrière le factuel, il y a aussi le structurel. Pourquoi les relations avec l’Espagne ne sont pas empreintes de la même passion, de la même «folie» ? Pourquoi le souci de l’image chez l’autre est si prégnant? Dans quelle mesure est-ce que la géostratégie et le changement de régime, de climat, chez nos voisins européens ont imprégné notre propre façon de nous regarder? Quelle est la place du politique, des intérêts économiques, de la coopération sécuritaire, quelle est la part du psychologique dans tous ces enchainements? Pour répondre à toutes ces questions, et d’autres encore, Zamane fait le point sur le présent et le passé et donne la parole à des experts marocains, espagnols et français. Bonne lecture.
Dossier coordonné par Karim Boukhari
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