L’histoire de l’esclavage au Maroc demeure mal connue. Chouki El Hamel, professeur à l’Université d’Arizona aux Etats-Unis, fait partie de la nouvelle génération de chercheurs qui revisitent l’histoire de l’esclavage au Maroc. Ses théories sont aujourd’hui incontournables.
Le terme d’esclavagisme revient avec force dans l’actualité, y compris en Afrique du Nord. Quelle définition scientifique donnez-vous à l’esclavage ? La résurgence et l’utilisation de ce terme, est-elle, selon vous légitime ?
Selon la déclaration universelle des droits de l’homme, la situation d’esclavage concerne les personnes qui sont forcées à être la possession d’autres personnes qui les exploitent. Les victimes ne bénéficient d’aucun droit et sont à la merci de ceux qui les possèdent. Les « maîtres » contrôlent même leurs vies. L’esclavage est un système coercitif d’abus et de domination. Malgré ce qu’a accompli l’humanité dans le domaine des droits de l’homme, l’impact pratique demeure limité dans le monde réel. Des formes diverses de servitude continuent d’exister dans de nombreux pays africains comme la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Nigéria, le Burkina Faso, le Tchad, le Soudan, l’Egypte ou encore la Libye. Ces pays sont régulièrement pointés du doigt par les organisations anti-esclavagistes les plus influentes. Les migrants subsahariens sont aussi confrontés au racisme et à la discrimination en Afrique du Nord. L’actualité que vous évoquez concerne la situation en Libye, où des réfugiés et migrants ont été vendus comme des esclaves.
Que considérez-vous aujourd’hui comme esclavage moderne au Maroc ? L’exemple des «petites bonnes», ou celui des «trafics de migrants» s’inscrivent-il dans ce phénomène ? Peut-on considérer ces pratiques comme un héritage de l’histoire de l’esclavage au Maroc ?
Le traitement réservé aux servantes et aux domestiques est pour moi le fruit d’un héritage. C’est une forme de servitude qui contraint de jeunes filles à vivre dans des conditions des plus précaires. Les anciennes formes d’esclavage n’ont en réalité pas disparu, elles se sont simplement transformées. Nous sommes en effet passés d’un mode social quasi féodal au colonialisme capitaliste qui promeut une production réalisée grâce à de maigres salaires. Les « petites bonnes » sont virtuellement esclaves de leurs employeurs car elles demeurent en position de faiblesse et sont obligées de travailler pour survivre. Un autre exemple de cet héritage esclavagiste est la situation des Haratine, qui ont été spoliés de leurs terres et auxquels a été dénié tout droit humain dans le sud du Maroc.
Propos recueillis par Sami Lakmahri
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I have been reading his book « Black Moroccan » off-and-on in English for about a year now as background to my family history.
Enfin!!! Merci aux collegues de prendre le taureau par les cornes de ces pays!!!! Si le Coran est ainsi conçu. Je ne veux, je ne peux plus rien comprendre!!!!
Eugène EPAILLY.
Docteur en histoire.