Le Maroc a connu une série de déroutes militaires et de crises politiques qui l’ont plongé, au fil du XIXème siècle, dans un marasme sans fin. Avec, au bout du compte, de lourdes conséquences tant pour l’Etat chérifien que pour la société.
In fine, le XIXème siècle marocain commencera par la défaite d’Isly, en 1844, et se terminera par la mort du sultan Moulay Hassan en 1894. Le Maroc est dans l’œil du cyclone, et conjurera, cahin caha, le spectre de la décrépitude. Le royaume avait pourtant acquis la réputation depuis la bataille des trois rois, en 1578, d’être invincible. Les quelques escarmouches des Ottomans se sont soldés par des déroutes des voisins de l’Est. Le mythe est tombé en 1844 sur la place de la Mhalla aux faubourgs d’Oujda, dans la fameuse bataille d’Isly, quand l’armée marocaine fut défaite par la française. Faudra-t-il corriger une incongruité, qui nous est venu de la transcription française de ce qui était Issly (avec deux «s», signifiant la pierraille en amazigh), ce que les Arabes des Angad appellent Oued Nachef. L’occupation de la baie de Sidi Freuch (Frej), à quelques encablures d’Alger en 1830, par la France, était perçue comme une menace àl’Empire chérifien. La cour était divisée quant aux traitements à la séquence française aux frontières du Maroc. Faudra-t-il venir en aide à des coreligionnaires, ou réduire les risques en s’astreignant de provoquer la puissance française ? Le sultan Moulay Abderrahmane usa de la diplomatie, mais finit par se rallier au devoir d’aide à des musulmans en détresse, d’autant plus qu’une délégation de notables de Tlemcen prêta allégeance au sultan. On retiendra pour la petite histoire que la France dépêcha en 1831 un jeune diplomate, Charles de Mornay, pour que le sultan retire ses troupes de Tlemcen. Reçu à Meknès, le diplomate était accompagné d’un jeune peintre, presque inconnu, Eugène Delacroix, qui immortalisa la sortie du sultan de Bab al-‘alj dans son célèbre tableau.
Par Hassan Aourid
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