Terre d’invasions et de conquêtes, façonné par différentes civilisations et influencé par de nombreux cultes et religions, le Maroc est un véritable kaléidoscope ethnique, culturel et religieux. Mais de toutes ces composantes, l’Islam est incontestablement l’élément le plus prégnant et influent dans la formation de l’identité marocaine. Pourtant rien ne prédestinait d’avance cette religion venue d’Orient, portée par des guerriers arabes, à jouer ce rôle et occuper cette place. Dans ce dossier Zamane remonte à l’origine de l’islamisation du Maroc, au temps de la conquête arabe, acceptée par les Berbères comme l’expression d’une foi et d’une spiritualité à partager, mais rejetée en tant qu’entreprise de domination économique et politique. La diffusion de l’Islam apparaît clairement comme une oeuvre de la population locale, les Berbères, où les hérésies et les groupes religieux minoritaires ont joué un grand rôle. Les sentiers de Dieu sont impénétrables. Ceux de l’Histoire aussi.
Dans une enquête réalisée en 2000 par des sociologues sur les jeunes marocains et leurs rapports avec les valeurs religieuses, 70% des personnes interrogées ont considéré que l’appartenance religieuse est la plus importante et déterminante composante de leur identité, bien avant l’appartenance nationale (14%) arabe (5%) ou berbère (2%). La réponse de ces jeunes n’est ni étonnante ni aberrante, mais elle correspond à une réalité historique et culturelle observable et avérée : l’Islam est un élément essentiel de l’identité marocaine. Il a façonné l’Histoire du pays, imprégné sa culture, déterminé ses structures sociales et politiques et fourni la base de sa formation en tant qu’Etat et nation. L’Islam est présent partout : les villes ont été construites autour de mosquées et leur architecture porte son empreinte. Les dynasties ont gouverné en son nom, le temps social est rythmé par les prières et les fêtes sacrées, sans évoquer nos discussions quotidiennes allègrement ponctuées d’exclamations et formules issues du lexique religieux.
Par la rédaction
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