A la fin du IIIème siècle après Jésus-Christ, les Romains, présents en Maurétanie Tingitane depuis très longtemps, abandonnent leur capitale, Volubilis, et effectuent un important repli. Alors que l’Empire romain traverse l’une de ses plus graves crises, à l’intérieur comme à l’extérieur, qu’est-ce qui le pousse à se recentrer ? Pure stratégie militaire ou «menace maure» ? Eléments de réponses sur une question qui divise.
À propos de l’Empire romain, «entre l’époque brillante du Principat d’Auguste et celle du Dominat de Constantin, il y a un hiatus de plus d’un siècle : époque de transition et de déclin, triste et embrouillée», écrit André Alföldi, historien et archéologue hongrois, spécialiste de l’Antiquité. Une période sombre et tumultueuse, annonciatrice d’un nouveau monde qui n’a, jusqu’à maintenant, pas encore livré tous ses secrets. Il s’agit de la « crise du IIIème siècle», qui bouleverse le monde romain et remodèle ses frontières. « Le IIIème siècle après Jésus-Christ représente une période transitoire de crises et de mutations qui marqua le terme du Haut-Empire et l’avènement de la civilisation du Bas-Empire. Crise du cadre géographique et politique hérité de la République et élargi durant le Haut-Empire. Crise militaire et sociale d’un empire où l’économie et la démographie ne disposaient pas des réserves de croissance nécessaires pour gérer un immense territoire à cheval sur trois continents et soumis aux pressions extérieures croissantes des barbares, des Parthes puis de l’Empire sassanide. Epoque de mutations : celle du principat augustéen apparemment respectueux des valeurs civiques et des cadres institutionnels de la République vers un dominat autocratique, qui préfigure les rapports sociaux de la société médiévale. Mutation aussi d’une religion polythéiste, ritualisée, communautaire et accueillante à l’égard des cultes étrangers vers une spiritualité monothéiste obsédée par le salut personnel, dont émergea bientôt un christianisme dominateur et exclusif », résume Dominique Hollard, spécialiste de l’économie antique.
Par Nina Kozlowski
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