Au début du siècle dernier, une guerre acharnée pour le trône oppose Moulay Abdelhafid et moulay Abdelaziz, désormais frères ennemis. le premier, khalifa de son frère et triomphant de lui, finit lui-même par abdiquer…
On est en juin 1894. Le sultan Hassan Ier vient de décéder. Suite à des manœuvres menées d’une main de maître par le chambellan Bahmad, Moulay Abdelaziz, un adolescent, est arraché à l’insouciance de son âge. Il est bombardé souverain de l’Empire du Couchant extrême, alors que plusieurs de ses frères ont atteint la majorité depuis longtemps. En vérité, c’est l’ancien chambellan, devenu entre-temps Grand vizir, qui gouvernera jusqu’en l’an 1900, date de sa mort. Passé maître dans l’art de l’intrigue et assassin invétéré, Bahmad amasse une richesse immense en peu de temps. Il assouvit aussi sa haine contre des rivaux réels ou virtuels. Il fait notamment endurer aux frères Jamaï des affres inimaginables, même dans l’enfer d’Allah. Il jette l’ancien Grand vizir de Hassan Ier et son frère dans des oubliettes à Tétouan. Ils sont en permanence entravés et ligotés l’un à l’autre. Quand l’un d’eux meurt, sa dépouille reste attachée au survivant si longtemps que les vers finissent par dévorer une grande partie du corps du défunt. Le gouverneur de Tétouan n’ordonne pas l’inhumation de l’ancien ministre de peur que le souverain imberbe le soupçonne d’avoir masqué une évasion programmée. De fait, celui-ci est seul aux commandes depuis que son tuteur Bahmad est mort quatre ans plus tôt. Le sultan Moulay Abdelaziz s’adonne à cœur joie aux plaisirs de la vie et notamment aux jeux. Ses jouets préférés sont les appareils photos les plus sophistiqués de l’époque ainsi que les vélos et autres gadgets mécaniques. Il va même jusqu’à commander d’Europe un ascenseur dernier cri. Il est posé à même la terre. Il ne peut donc l’utiliser.
Par Maâti Monjib
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