En essayant de diviser entre Arabes et Amazighs, les autorités coloniales ont créé une situation opposée et hostile à leur projet. Décryptage.
Il est très épineux aujourd’hui de traiter d’un tel sujet du fait de l’actualité amazighe au Maghreb. Celle-ci est animée principalement par des militants de la cause amazighe. Ils visent avant tout à assurer l’avenir d’une composante importante de l’identité du pays en faisant assumer le choix du pluralisme linguistique, aussi bien par les sociétés civiles que par les États de l’Afrique du Nord. Seulement, du fait même que le Mouvement national marocain et les partis qui en sont issus ont très longtemps usé et abusé d’un mythème appelé « Dahir berbère » comme l’argument massue que toute défense de l’amazighité ne peut qu’être inspirée par le colonialisme et ses différents avatars, on se retrouve aujourd’hui dans une situation où toute approche objective de l’histoire ne peut que faire surgir des attaques croisées des deux camps. Car, ceux qui traitent du sujet de l’amazighité sont presque immanquablement classés soit comme militants berbéristes et donc manipulables à merci par des forces impérialistes occultes, soit comme des nationalistes arabes patentés. Mais, quand on revient à l’histoire de la colonisation au Maroc pour tenter de tirer au clair les tenants et aboutissants de ce qui était parfois appelé « la politique berbère » de la France, on se rend compte assez vite qu’il n’y a jamais eu vraiment de choix définitifs décidés par le pouvoir central et appliqués, sans hésitation aucune, sur la totalité du territoire. De fait, loin d’agir d’une manière décidée et continue en vue de l’émergence d’un « Berbéristan » marocain qui serait enfoncé tel un poignard dans le cœur d’une nation largement arabisée, comme le prétendent certains militants anti-amazighs, l’administration protectorale n’a fait qu’hésiter au gré de ses intérêts du moment et de la vision personnelle des acteurs qui la dirigent. Il faut bien reconnaître également que des divergences d’opinion importantes ont presque toujours agité ladite administration, y compris au plus haut de la hiérarchie.
Par Maâti Monjib
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