Avec ses raïs, ses secrétaires, puis son na’ib, la diplomatie marocaine a vécu de rudes épreuves qui finiront par des concessions «offertes» aux puissances européennes.
Le Maroc n’a connu la «diplomatie» sous ce vocable qu’après l’indépendance du pays en 1956. Avant cette date, le pays ne pouvait en avoir puisque c’était la France, en tant que puissance protectrice, qui la faisait en son nom. Avant le XXème siècle, le lexique politique du Makhzen ne faisait mention que de «Shu’un al ajnas» ou «Affaires des nations», chrétiennes bien sûr. Ce qui de facto renvoie à la question de savoir pourquoi les nations musulmanes étaient exclues. Dans le lexique politique du Makhzen, les Affaires étrangères étaient aussi désignées sous l’appellation «Shu’un al bahr», c’est-à-dire «Les Affaires de la mer».
Le concept de gestion des relations extérieures a été fondamentalement façonné par le regard que portait l’Islam sur «l’Autre». Celui qui se situait essentiellement en dehors de la Oumma, la Communauté des croyants. A préciser également que le mot «ajnas» désignait exclusivement les nations chrétiennes de la rive nord de la Méditerranée. Entre musulmans, les relations diplomatiques existaient certes, mais se faisaient selon une toute autre logique : elles avaient pour but d’établir, ou de rétablir des rapports de fraternité et de bon voisinage entre membres d’une même communauté (la Oumma).