Méconnu car balayé par l’histoire, El Madani El Mezouari El Glaoui, le frère aîné de Thami El Glaoui, est celui qui a hissé le clan familial au summum de sa puissance. Agent du Makhzen, ardent partisan des prémices d’un nationalisme marocain moderne et ennemi des Français, voici le parcours d’un homme qui a combattu toute sa vie.
Dans la dynastie El Glaoui, je demande l’aîné : El Madani El Mezouari El Glaoui, le premier fils de Si Mohamed Ben Hammou, et donc le frère aîné de Thami El Glaoui. Grand oublié de l’histoire, il est, selon Paul Pascon, «le fondateur de la puissance des Glaoui». Il a servi quatre souverains successifs (Moulay Hassan, Moulay Abdelaziz, Moulay Hafid et Moulay Youssef), est passé du statut de caïd à celui, entre autres, de ministre de la Guerre puis Grand vizir, a combattu sans relâche la siba et s’est vigoureusement opposé à l’influence grandissante des Français, tout en sachant pertinemment au fond de lui-même que celle-ci était inéluctable. Accessoirement, c’est aussi lui, l’aîné respecté, qui a propulsé son frère cadet au pouvoir, en le nommant pacha de Marrakech ; un bien petit terrain de jeu à l’époque. Ce parcours extraordinaire mais méconnu, c’est Abderrahman El Mezouari El Glaoui, le petit-fils de El Madani, qui a décidé de le raconter à travers un livre intitulé «Le grand vizir El Madani El Mezouari El Glaoui, une vie au service du Makhzen», publié cette année. Cet ouvrage, basé sur une bibliographie aussi dense que diverse, met en lumière la personnalité d’un homme loyal à la monarchie et patriote. Un homme qui tranche avec le souvenir laissé par son frère.
Par Nina Kozlowski
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