Avant d’être le lieu où ont été découverts les plus anciens homo sapiens connus à ce jour, Jbel Irhoud est surtout un site promis aux entreprises de BTP. Depuis trente ans, elles y ont installé des carrières pour l’extraction de pierres. Parfois au détriment du sanctuaire de l’humanité.
Au bout de la piste qui mène au village de Douar Mamoun Ben Saïd, adossé au Jbel Irhoud, une barrière en bois barre l’accès. Une vieille banderole y est accrochée. En lettres rouges est écrit « 25 ans de souffrances ». Sous une tente décolorée par le soleil, ornée de quelques drapeaux marocains, un enfant, qui s’était mis à l’ombre, court prévenir les adultes. En quelques minutes, une quinzaine d’habitants du village viennent à notre rencontre. Hésitant, le groupe attend d’être abordé. Une fois la discussion amorcée, l’un des plus âgés s’étonne de voir un journaliste au cœur de leur village : «Normalement, ils font passer les gens de la presse de l’autre côté. Ils ne veulent pas qu’on leur parle ». Quel secret se cache dans cette commune rurale d’apparence si ordinaire ? Les langues se délient rapidement et le groupe expose avec entrain ses revendications. Un homme prend la parole. La trentaine, Mohammed Erram, conseiller communal du caïdat d’Irhoud, explique : « Cela fait plus de 25 ans que nous souffrons de l’activité des carrières. La poussière nocive qui s’en dégage est responsable des allergies qui touchent nos enfants ».
Par Sami Lakmahri
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