Du lointain Idriss 1er jusqu’au Cheikh Yassine, en passant par Ben M’chiche, les mythes ne meurent jamais, ils changent seulement de formes.
Le mythe enveloppe l’idrissisme à sa naissance, et le mythe fait aussi son travail à travers l’histoire de cette supposée lignée qui dit descendre directement du prophète Mohammed par sa fille Fatima, épouse de Ali. Le mythe a pris différentes formes : du chiisme, origine même de la vénération de cette lignée, aux constantes transformations opérées sur la biographie de la famille du messager à travers les siècles. L’accueil qu’on dit avoir été réservé à Idriss Ben Mohamed Ennafs Azzakia, fugitif de l’extermination de Fakh dans la banlieue de la Mecque, est à la base de ce mythe. C’est par miracle que Idriss (plus tard
Idriss 1er) fut sauvé et envoyé aux berbères de Volubilis dans le Maghreb extrême. C’est par miracle aussi et élection divine que Idriss II fut conçu juste avant la mort de son père assassiné, malgré le fait que son mariage avec Kenza la berbère a bien été consommé quelques années auparavant. Cette même élection allait faire revenir les Idrissides sur la scène marocaine, des siècles après leur extermination (ou tentative d’extermination) par Abou Al Afia.
À ce propos, des historiens croient que la naissance de la dynastie idrisside allait de pair avec la naissance du chérifisme au Maroc. Le fait qu’un Etat indépendant du califat à Baghdad fut créé dans le Maghreb et, avec lui, un mouvement partisan qui vénère la descendance du prophète, a été derrière l’association de la légitimité du pouvoir à l’investiture des chérifs.
Par Moulim El Aroussi
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