Dans cette chronique de la courte embellie des relations entre le Maroc et l’Algérie, entre 1988 et 1994, et qui est parfois racontée sur un accent personnel, on voit apparaitre, en filigrane, tous les murs dressés par les vicissitudes politiques. Et qui continuent de séparer les deux Etats voisins, alors que les peuples ont toujours maintenu un lien certain, profond et naturel, des deux côtés de la frontière.
Autour d’une tente, à mi-chemin des deux frontières marocaine et algérienne, un 4 mai 1987, le roi Hassan II trônait, entouré de ses deux fils : le prince héritier Sidi Mohammed et le prince Moulay Rachid. À ses côtés le roi Fahd d’Arabie saoudite, jovial, assis sur un fauteuil entre les deux frontières ; et sur le sol algérien le président Chadli Bendjedid. Chacun est chez lui, et maître chez soi.
Vérité au-delà de Zouj Bghal, erreur en deçà
D’un côté un régime monarchique dépeint comme anachronique, et de l’autre un système socialiste perçu comme inefficient et obsolète. Mais on était alors en quête d’une vérité générique sur la communauté des deux peuples et le destin commun, en aplanissant les problèmes qui pendent, et ils sont énormes. La région fut l’objet d’une polarisation. D’une part l’Algérie, la Tunisie et la Mauritanie, liguées autour d’un traité d’entente, de fraternité et de coopération, signé en 1983 ; et puis le Maroc lié à la Libye autour d’une chimérique union arabo-africaine signée à Oujda en 1984. On ne sait pas ce qui s’était dit lors de la rencontre de Zouj Bghal, mais on retient l’essentiel dans la langue des symboles. Hassan II tenait à se faire accompagner de ses deux fils. C’était pour rappeler le précédent de Mohammed V quand l’avion des chefs historiques fut arraisonné par l’armée française d’Algérie en novembre 1956, et le sultan de dire aux Français : «Prenez mes deux fils, et rendez-moi mes hôtes».
Hassan II et Bendjedid se connaissaient à peine. Ils se sont croisés deux fois, sans plus. D’abord dans l’escalier de la Kaâba en 1979 lors de la tenue du Sommet de l’OCI à la Mecque, où le salut fut courtois, mais néanmoins froid. Il y eut ensuite Nairobi en juin 1981. L’échange fut plutôt houleux dans l’enceinte du Palais de l’OUA. Depuis, les deux hommes se sont rencontrés à Zouj Bghal en février 1983. Rencontre qui n’était pas concluante.
Par Hassan Aourid
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