D’un côté comme de l’autre, Marocains et Espagnols ont longtemps cultivé clichés, stéréotypes et motifs de haine. Sur fond culturel et, surtout, historique.
Peu de Marocains aujourd’hui savent que Sebta et Melilia sont, sans solution de continuité, sous contrôle européen (soit portugais soit espagnol) depuis six siècles environ. Sebta est prise à l’avant-dernier sultan mérinide en 1415. Et Melilla aux Wattassides en 1497. Les Marocains, Makhzen et tribus avoisinantes, n’ont eu de cesse de tenter de récupérer les deux villes et autres présides et rochers occupés par les Ibériens. Jusqu’au XXème siècle, les occupants, installés à demeure, ont eu peu de répit.
Moros contre « Nsara » et « Sbanioul »
Sur la longue durée, le Maroc et l’Espagne ont eu des hauts et des bas dans leurs relations. Celles-ci ont atteint parfois la guerre ouverte, voire l’occupation du territoire de l’autre. Parfois même, l’autre est devenu un peu « soi ». Ainsi l’Andalousie est devenue pendant assez longtemps une partie intégrante du Gharb Al Islami, autrement dit du « Maghrib » qui parfois se confondait avec le Maroc (sous les Almoravides et Almohades).
Depuis six siècles, l’Espagne et le Maroc sont presque toujours en conflit. Du moins, leurs relations sont tendues. Durant ces siècles, la péninsule ibérique, qui comprend l’Espagne et le Portugal (qui ne font parfois qu’un seul et même Etat), incarne aux yeux des Marocains le monde chrétien, par définition hostile et expansionniste. D’ailleurs, Nasrani (Nasarethin) a représenté pour le Marocain moyen l’ennemi. Et jusqu’à aujourd’hui, le petit peuple utilise parfois ce terme pour dire de quelqu’un qu’il est « impitoyable ».
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