La colonisation pourrait s’apparenter à un viol. Symboliquement, il y a le pénétrant, violent et tout puissant, et le “pénétré” humilié et asservi. Dans les faits, les hommes ont été dévirilisés, les femmes ultra-sexualisées. Quel impact cette domination sexuelle a-t-elle eu sur la gent masculine et son rapport à la gent féminine ?
«Le corps est un enjeu politique», a écrit le philosophe français Michel Foucault. Il a également été un enjeu de l’ordre colonial. En réalité, le processus de colonisation s’apparente à un viol : «Le colonisateur serait à l’image de l’homme viril qui valorise la domination et la France serait à l’image de la supériorité sexuelle du colon qui domine le Maroc ou l’Algérie, femmes faibles, dominées et sexuellement inférieures mais désirées», analysent Sihem Guettafi et Wassila Soltani dans un article intitulé «Prostitution coloniale et nationalisme ». Autrement dit, la France «virile» a lié sexualité et violence, domination masculine et domination coloniale.
En plus d’être humilié, brimé, violenté, le corps «indigène» mâle a été dévirilisé, bestialisé mais aussi racialisé. à l’époque coloniale, l’indigène est présenté comme dégradé physiquement, porteur de nombreuses maladies et dégénéré moralement. Il est tour à tour dépeint comme un prédateur sexuel incontrôlable, un «sodomite» ou bien un être oisif, fourbe, fanatique et efféminé. La «femme indigène», quant à elle, a été sexualisée, érotisée et directement exposée, à travers les peintures orientalistes, la photographie et les expositions coloniales, mais aussi exploitée : notamment à travers la prostitution, institutionnalisée par les autorités françaises au Maghreb.
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