Processus peu connu, l’observation électorale est une contribution à la construction d’un Etat démocratique.
C’est en 1919 que l’observation électorale voit le jour, lorsque le Traité de Versailles institue des commissions chargées d’observer les nombreux plébiscites organisés dans l’Allemagne occupée. Sa généralisation depuis les années 1970 témoigne de l’intérêt de la communauté internationale pour la tenue d’élections honnêtes et démocratiques. Parallèlement à la multiplication des missions internationales, on a observé dans certains pays l’émergence d’initiatives similaires, conçues et menées par des acteurs de la société civile. Au Maroc, c’est en 2002 qu’a été créé le premier collectif d’acteurs sociaux et associatifs pour observer les élections législatives. Aujourd’hui, partout dans le monde, l’observation internationale évolue largement vers l’observation nationale des processus électoraux, caractérisée par l’émergence du citoyen en tant qu’arbitre des élections. Cette observation citoyenne est-elle pour autant efficace ? Sommes-nous les témoins gênants du processus électoral ou les complaisants complices de résultats décidés d’avance ? Quelles sont les motivations des acteurs impliqués dans l’observation des élections, leurs objectifs et les critères qu’ils mettent en œuvre ? Plus généralement, quels sont les effets de cette observation citoyenne sur la vie démocratique marocaine ?
L’observation électorale est d’abord une forme de participation citoyenne qui, jointe à d’autres actions de lobbying, de plaidoyer, de négociation et de dialogue, permet d’asseoir les bases d’une pratique démocratique. C’est aussi pour le citoyen la possibilité d’exercer un de ses droits fondamentaux : le contrôle des institutions. De ce fait, l’observation électorale implique une évolution et une transformation des relations entre l’Etat et l’opinion publique qui, dans les systèmes autoritaires, n’a aucun poids. Depuis 2002, la bataille avec les autorités pour sortir d’une situation de non-droit et d’arbitraire a fini par aboutir à l’adoption d’une loi organisant l’observation indépendante des processus électoraux.
Par Kamal Lahbib
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