C’est le kharijisme qui s’illustre le premier au Maghreb, où deux principautés indépendantes sont même créées.
La doctrine kharijite, stipulant que la légitimité populaire du calife est le principal critère à suivre pour sa désignation, et que l’appartenance à la descendance du prophète ou à l’aristocratie qoraychitene peut passer avant la foi, la compétence et la capacité de la personne, semble trouver au Maghreb un terrain fertile. Devant l’intransigeancedes chiites qui insistent sur Ahl Al Bayt et celle des sunnites qui insistent sur l’arabité du calife, les kharijites semblent les mieux placés pour séduire les notables des tribus berbères. En 122 de l’hégire, Mayssara Al Matghari, chef de guerre berbère et sufrite (branche radicale du kharijisme), entre en rébellion.
«La révolution des Berbères» est suivie d’une défaite cuisante des armées arabes dans l’Ifriqia (Tunisie actuelle).Un an plus tard, les Omeyades contrattaquent et remportent la bataille d’Al Achraf, deuxième du genre. Mayssara capitule et se réfugie à Tanger, où il sera accusé de trahison et exécuté par ses soldats. Peu de temps après la défaite, à Sijilmassa, carrefour des caravanes commerciales, ses compagnons sufrites fondent une principauté indépendante en 139 de l’hégire (757 après JC).
Une autre principauté ibadite (branche modérée du kharijisme)est née à Tahert dans le centre algérien. A la même période, Tarif, un des compagnons de guerre de Mayssara, s’installe à Tamesna, quelque part entre le Bouregreg et l’Oum Rabiaa. Il fonde l’entité des Bourghwata, «hérétique» comme l’ont décrite les historiens arabes.
Par Mostafa Bouaziz
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