« Quand l’histoire nous apprend que, trente ans après la disparition du prophète, trois groupes se sont affrontés dans une lutte sans merci, nous disons : c’est dans l’ordre. L’autorité, de quelque nature qu’elle soit, ne peut être exercée que de trois manières : par un seul, par plusieurs ou par tous.
Ceux qui souhaitent une théocratie démocratique, quelles que soient leurs motivations et quel que soit le nom qu’ils se donnent au départ, sont des kharijites (rebelles, marginaux, indomptés). Ceux qui optent pour une théocratie aristocratique sont les ralliés de la dernière heure, héritiers de la longue expérience mecquoise. Ceux qui n’imaginent pas que l’autorité indivisible du prophète puisse être dévolue autrement qu’en ligne directe dans sa Maison sont appelés chiites (partisans). Par les événements survenus à Médine et consignés dans le Livre, nous savons que seuls les seconds sont à même de l’emporter. Ce sont eux qui, par leur compréhension du Texte, leurs attitudes, leurs décisions, jettent les fondements de la Tradition. Leurs adversaires ont beau leur opposer une lecture différente, des attitudes et des décisions alternatives, apparemment aussi fondées que les leurs, ils sont forcés en fin de compte soit à se séparer (cas des kharijites), soit à édifier, à l’instar des adversaires, une Tradition concurrente (cas des chiites). Le chiisme n’est pas une anti-tradition, c’est une tradition autre, tandis que le kharijisme est la négation de toutes tradition».
Extrait de Tradition et Réforme, Abdallah Laroui, centre culturel arabe, 2009
Par la Rédaction
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