«El Latif» est l’un des 99 noms d’Allah. Au Maroc particulièrement, il est invoqué lorsque la population sent un quelconque cataclysme s’abattre sur elle. Depuis des siècles, la résonnance de ce nom veut donc dire que quelque chose de grave est en cours, et menace la vie et la sécurité des Marocains. La menace peut être de toute nature, politique ou liée à des catastrophes naturelles. Au XXème siècle, l’Histoire retient particulièrement l’épisode du Dahir dit berbère, lorsque les autorités du Protectorat ont essayé, en 1930, de singulariser le fonctionnement de la justice au sein des populations amazighes. Face au danger pressenti, les nationalistes ont incité les mosquées à prononcer ce sermon : «Ya Latif Ya Latif ! Sauve-nous des mauvais traitements du destin et ne nous sépare pas de nos frères les Berbères». Plus tard, l’historien Charles André Julien rappellera qu’«en période de ramadan, l’exaltation collective rendait les sursauts de la foule soudains et redoutables. Il avait un caractère tellement exemplaire qu’on en vint à pratiquer des jeûnes surérogatoires, notamment comme complément du Latif, dans un dessein essentiellement politique, comme le 8 décembre 1952, après l’assassinat du militant syndicaliste de Tunis, Ferhat Hached, et le 18 novembre 1953, pour demander à Dieu le retour d’exil du sultan».
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