Le 20 août 1955, alors que l’indépendance est imminente, les habitants de Oued-Zem mettent brusquement la ville à feu et à sang. Reconstitution des événements d’une journée sanglante.
«La deuxième Paris», la belle Oued-Zem, créée par les Français pour devenir la capitale du territoire autonome du même nom, va se retourner brutalement contre eux, devenant le théâtre d’une «intifada» ardente et inattendue. Certes, en ce jour du 20 août 1955, la perspective du deuxième anniversaire de l’exil du sultan va entraîner des troubles dans tout le Maroc. Mais, sans comparaison possible, c’est à Oued-Zem que vont se dérouler les événements les plus meurtriers. La ville va être envahie puis livrée au pillage et à la mutinerie. Des dizaines de Français et des centaines de Marocains vont trouver la mort dans des circonstances terribles. Ces événements feront couler beaucoup d’encre à cause de leursoudaineté et leur violence.
Ce jour sanglant a été précédé par une série d’événements politiques et de signes précurseurs. L’activité des nationalistes locaux et des «cellules secrètes» battait son plein. Dans les rues, on a distribué des tracts et collé des affiches invitant la population à participer à la révolution contre la France. Chaque organisation a proposé une date pour le soulèvement. «La Main Noire» veut le 8 août, l’«Organisation secrète» est pour le 5 juillet, l’organisation de Mohammedia propose le 29 juillet… La date finalement retenue est le 20 août, deuxième anniversaire de l’exil du sultan. Dans le bled, l’attention des autorités a été attirée par de nombreuses dégradations commises sur les lignes téléphoniques, des incidents dans les fermes des colons… On a parlé aussi d’éléments étrangers qui seraient entrés dans la ville de Oued-Zem, venant d’autres régions et villes, surtout de Casablanca. Juste avant le déclenchement de l’émeute, le commandant de la section de Oued-Zem adresse à ses supérieurs cette note de renseignement : «A Oued-Zem, le vendredi 19 sera chômé comme d’habitude ; le samedi 20 le serait également en commémoration de l’anniversaire de la destitution. Dans le centre, il n’y aurait ni manifestation, ni acte de terrorisme. Par contre, des attentats seraient à prévoir à l’extérieur. Ils seraient perpétrés par des éléments partis des villes où ils se sentent surveillés. Les gens du bled n’y prendraient pas part. Seuls quelques sympathisants aideraient ou faciliteraient des attentats sans importance».
Par Salah Chougag
Lire la suite de l’article dans Zamane N°9
Bonjour, il serait très utile de consacrer un dossier spécial dans votre revue fort intéréssante aux événements du 20 août 1955 d’Oued Zem en appelant à contribution les historiens et les spécialistes pour éclairer ce fait historique sous un jour nouveau.