Jamais le Maroc et le Maghreb n’ont été aussi forts, unis et dominateurs, que sous les Almohades. Mais le prix payé a été excessivement cher. Et si le projet imaginé par Ibn Toumert et ses suiveurs a accompli, en très peu de temps, des miracles, il a aussi brisé bien des rêves…
L’histoire des Almohades, c’est un peu celle du Maghreb. Dans un certain sens, ils l’ont fait. Mais ils l’ont défait aussi. Au début, il y a la rencontre entre deux hommes. Le premier s’appelle Mohamed Ibn Toumert, un prédicateur très enflammé, planté à Tinmel, dans le Haut Atlas marocain. Le deuxième s’appelle Abdelmoumen Ben Ali et vient du massif de Trara, pas loin de Tlemcen, dans l’ouest algérien. Deux berbères, deux montagnards, habitués aux rudesses du climat et de la vie nomade dans le Maghreb du Moyen Âge.
S’ils étaient nés aujourd’hui, Ibn Toumert serait Marocain et Abdelmoumen Algérien. Le premier a fondé une doctrine dite « almohade », basée sur le tawhid (unicité / unification) de dieu et de l’islam, voire de la Oumma islamique, jetant aussi les bases d’un projet politique en alternative au pouvoir almoravide qui était encore en place au début du XIIème siècle. Le deuxième, en chef militaire et homme d’Etat habile, a détourné le projet almohade pour en faire une dynastie et un pouvoir héréditaire, semblable finalement à toutes les dynasties qui ont gouverné à un moment ou un autre le Maghreb.
Par Karim Boukhari
Lire la suite de l’article dans Zamane N°107 (Octobre 2019)