Le jeûne a-t-il vraiment été institué à la naissance de l’islam ? Et si cette tradition était déjà existante dans l’Arabie préislamique, une terre non pas de désolation, mais de grandes richesses culturelles et religieuses, oscillant entre monothéismes et paganisme…
Avant l’avènement de l’islam, l’Arabie, selon diverses sources arabo-islamiques soucieuses de défendre le triomphe de leur foi, était plongée dans l’ignorance : la Jahiliya, censée couvrir une période allant de l’Antiquité jusqu’au début de l’Hégire, qui correspond à l’an 622 de l’ère chrétienne. Autrement dit, il ne s’agissait que d’un pays de «sable et de puces», une terre de désolation spirituelle. L’épigraphie, l’archéologie et de nombreux écrits tendent à démontrer le contraire et présentent une situation plus nuancée : une péninsule dont l’histoire commence dès la préhistoire et qui oscillera, pendant l’Antiquité, entre grandeur et décadence. À cette époque, l’Arabie est découpée en trois régions distinctes. L’Arabie «heureuse» d’abord, située au sud et qui correspond au Yémen actuel, où existent de nombreux royaumes. L’Arabie centrale, ensuite, peuplée de tribus nomades ou sédentaires et qui subsiste dans le giron de l’Arabie heureuse. Et l’Arabie septentrionale enfin, sous l’influence des empires byzantin et perse, du moins pendant une certaine période de l’histoire. Au niveau religieux, l’Arabie, sorte de mosaïque culturelle, politique et même ethnique, voit cohabiter en son sein judaïsme, christianisme, zoroastrisme, sabéisme, hannafiyah et polythéisme. Au début du VIIème siècle, période de l’avènement de l’islam, les Arabes sont généralement polythéistes, donc païens. Pour autant, de nombreux rites païens pratiqués en Arabie seront incorporés dans la religion musulmane. C’est notamment le cas du jeûne, pratiqué par de nombreuses tribus et différents mouvements de croyance.
Par Nina Kozlowski
Lire la suite de l’article dans Zamane N° 78