François Burgat, qui a à son actif une longue expérience d’études sur l’islamisme, vient de commettre un livre intitulé « Comprendre l’islam politique », qui contient la quintessence d’une carrière et résume une pensée.
Burgat, nous le savons, se distingue de ces deux grands spécialistes français, Gilles Kepel et Olivier Roy, qui font autorité en la matière. L’enfer n’est pas les autres, et Burgat a le courage, ou l’outrecuidance, de désigner l’origine du mal : c’est l’Occident lui-même. Cet enfant de l’Occident a eu très tôt une intimité avec l’Autre, en l’occurrence le monde de l’islam, ce qui a confiné à ce qu’il appelle une accumulation intuitive. Des arrière-grands-cousins avaient émigré en Algérie à la fin du siècle dernier et y avaient fait fortune, et lui-même, en tant que coopérant, y avait travaillé et où il s’était familiarisé avec la pensée de ce grand maître de la pensée islamique, Malek Bennabi. Pour la petite histoire, il s’était lié avec le fondateur de la Jamaâ d’Adl Wal Ihsane, Abdeslam Yassine, dont il loue la mémoire dans ce livre, tout comme il a connu, à ses débuts, Rached Ghannouchi, en 1985, même si le premier contact était difficile. Il a eu, depuis, l’intuition que les islamistes marqueront l’espace public et qu’aucune strate de la société, malgré les relais de l’Occident, ne leur ravira le haut du pavé, ni les féministes, ni les libéraux, ni les minorités ethniques ou religieuses. C’était dit en 1990. L’avenir leur appartenait. Mais l’avenir au Maghreb est déjà un présent, et c’est ce qui donne à l’analyse de Burgat sa pertinence.
Par Hassan Aourid
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