Issus de la même famille et tous les trois clercs, Mohamed Ben Ja’far Al Kattani et ses cousins Mohamed Ben Abdelkebir et Abdelhaï ont pourtant tracé des voies différentes dans les arcanes du pouvoir.
Le Maroc doit aux Kattanis une succession non seulement de lettrés, de savants et de chefs de confrérie, mais aussi d’acteurs politiques qui se sont distingués surtout à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. La notoriété de cette famille à la fois aristocratique et maraboutique, qui jouissait d’un grand prestige dans le milieu des ouléma et au sein de la société, dépassait les limites de la ville de Fès pour s’étendre à tous le pays. Au sein de cette famille, trois personnages ont particulièrement marqué de leur empreinte politique le Maroc de la première moitié du XXe siècle.
Né en 1858 et mort en 1927, Mohamed Ben Ja’far Al Kattani a vécu dans l’une des périodes les plus agitées du Maroc contemporain. Il a vu le protectorat s’installer au Maroc comme il a été témoin de la destitution de deux sultans : Moulay Abdelaziz et Moulay Abdelhafid. En tant que clerc renommé, ses rapports avec les deux sultans étaient courtois mais distants, évitant toute implication dans les troubles politiques qui agitaient l’élite fassie de l’époque. Si certains ouléma avaient choisi de se retirer ou de s’engager dans les conflits, lui a en revanche opté pour une attitude médiane. Dans les périodes les plus délicates, comme au moment de la destitution du sultan Moulay Abdelaziz ou à la veille de l’instauration du protectorat, notre clerc a opté pour l’exil. La première fois, de 1907 à 1908, pour des raisons politiques (ne pas s’impliquer dans le processus de destitution du sultan Abdelaziz) et, la seconde fois, de 1910 à 1926, pour des raisons politiques et doctrinales (l’obligation de l’exil pour ne pas vivre sous l’autorité de l’infidèle).
Par Mohammed El Ayadi
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