Si la notion de Maghreb remonte à la conquête arabe, son utilisation dans le vocabulaire occidental est récente. Au gré de l’Histoire, une identité commune s’est forgée dans cette vaste région qui peine pourtant encore à trouver la voie de l’unité.
Sur la rive sud de la méditerranée, El Maghârib (les Maghrebs) dataient de la conquête arabe. Le nom faisait écho à son opposé géographique, El Machriq ou El Machâriq (l’Orient ou les Orients). On parlait au Moyen-Age de trois Maghreb : l’un proche (Adna), le deuxième médian (Awsat), et le troisième extrême (Aqsa). Mais ces appellations étaient plus géographiques que politiques. La différenciation à ce niveau politico-culturel allait porter le nom d’« El Gharb El Islami », c’est-à-dire l’Occident musulman. Elle désignait, du IXe au XVe siècle, l’espace regroupant l’Afrique du nord et l’Andalousie. La perte de l’Andalousie musulmane a été compensée, au temps des Saâdiens, par un prolongement dans l’espace saharo-africain.
Au-delà de cette géométrie variable qui, au gré des développements civilisationnels, avance ou recule face à l’Ouest européen, à l’Est Egyptien ou au Sud saharo-africain, une entité culturelle particulière s’est formée. Un brassage ethnique linguistique et religieux a façonné une entité, des entités, car rien n’est stable ni définitif. A des périodes de construction, d’édification de royaumes, de dynasties, de modes de vie et de systèmes de pensée, se succèdent des périodes de déconstructions, d’invasions, de replis, de doutes, voire de déroutes. Mais rien n’est jamais totalement détruit ou banni. L’acculturation s’accompagne d’une intériorisation qui, à terme, peut déboucher sur une pensée articulée. A chaque période, une strate, une couche socioculturelle se dépose dans cette matrice dont même les caractéristiques climato-géographiques changent. Certes, le temps géologique est beaucoup plus lent que celui de la culture et des mentalités.
Par Mostafa Bouaziz
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