Ils ne sont pas nécessairement issus de l’élite citadine. Ils n’appartiennent pas au cercle des ouléma, chorfa et riches commerçants. Et pourtant, ils ont souvent gouverné, à leur manière bien sûr, les grandes villes du royaume.
La ville de Fès a toujours eu ses hommes forts. Pas nécessairement issus de l’élite citadine, et souvent loin de cette crème de la société composée d’ouléma, de chorfa, de riches commerçants et de cheikhs de confréries. En effet, le vrai pouvoir dans la ville était souvent entre les mains d’individus illettrés, jouissant d’une forte assabiya (solidarité de groupe) et doués d’un talent de leadership qui leur permet de mobiliser des partisans dévoués.
La ville et ses rumat
Les grandes villes musulmanes comme Bagdad, Damas ou Le Caire ont toujours eu une milice recrutée au niveau des quartiers et dont le rôle social était de défendre la ville et ses habitants, surtout en temps de crise, quand le pouvoir central n’était plus en mesure de protéger ses sujets. En Orient, on les appelait futuwwa, shuttar, ou ‘ayyarun. Au Maroc, seules des grandes villes comme Fès et Tétouan avaient développé quelque chose de semblable. A Fès, les jeunes milices armées étaient connues sous le nom de rumat, c’est-à-dire les mousquetaires, dont l’apparition au XVIème siècle coïncidait avec l’introduction au Maroc des armes à feu.
Par Mohamed El Mansour
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