En août 1953, le sultan Sidi Mohammed Ben Youssef est exilé par les autorités coloniales, en compagnie de sa famille, et notamment du prince héritier, Moulay El Hassan. Entre caprices de prince et activisme politique, le séjour de ce dernier n’est pas de tout repos.
N’oubliez pas que vous vous adressez à un prince». Le jour de son retour d’exil, Moulay El Hassan se réapproprie avec autorité son titre légitime. Le futur Hassan II, à travers cette remontrance, fait comprendre au docteur Cléret, médecin personnel de son père et un intime de la famille, que la parenthèse de l’exil est désormais refermée. Pourtant, comme le raconte ce dernier dans ses mémoires, l’incident qui lui vaut la colère princière est banal : «Alors qu’il s’apprêtait à escalader en dernier l’étroite échelle de l’avion, il trébucha. Je le rattrapais de justesse lui criant ‘Attention, mon vieux, vous allez vous casser la figure’ […] C’est vrai qu’il n’était plus le jeune adolescent exilé que j’avais aidé et protégé». En effet, l’instinct naturel du prince lui fait assumer une ambition qui ne l’a jamais vraiment quitté. Celle de devenir un personnage incontournable de l’histoire de son pays, et de l’histoire tout court.
Bien que les 27 mois d’exil instillent le doute quant à l’avenir de la famille royale, Moulay El Hassan n’a jamais cessé de croire en son destin. En Corse, mais surtout à Madagascar, le prince héritier se transforme en activiste politique chevronné. Il prend des risques et devient avec le temps le plus proche conseiller de son père, le sultan déchu. C’est d’ailleurs durant l’exil que les relations entre les deux hommes prennent une autre tournure.
Par Sami Lakmahri
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