La guerre israélo-palestinienne est une histoire de larmes et de sang qui n’en finit pas. Un conflit qui s’enracine dans deux moments dramatiques.
Deux tragédies vont se nouer dans les années 1930 et 1940. Deux mots se sont imposés pour les nommer : le mot hébreu «Shoah», pour l’une ; le mot arabe «Nakba» pour l’autre. Tous deux signifient «catastrophe», ce qui n’est déjà pas rien. Mais dans le cas précis de ces deux tragédies, l’usage veut que le terme qui sert à les nommer soit précédé de l’article. Du coup, il prend valeur de nom propre : ici comme là, ce n’est plus simplement de catastrophe qu’on parlera, c’est de «La catastrophe». La catastrophe pour les Juifs, parce que la Shoah renvoie non seulement à ce que les nazis, dans leur volonté de les exterminer définitivement, ont appelé «la solution finale», mais aussi à l’ensemble des persécutions qu’ils ont subies dans tous les territoires conquis par Hitler, à partir de son avènement au pouvoir en 1933. La catastrophe pour les Arabes, parce que la Nakba fait référence à la création de l’Etat d’Israël en 1948 et à ses conséquences : la défaite des armées arabes lors de la première guerre israélo-arabe, l’exode forcé et massif des Palestiniens, chassés de leurs terres tombées aux mains d’Israël, l’interdiction pour eux d’y faire retour. Mais cette symétrie linguistique, souligne Gilbert Achcar, n’implique pas pour autant «identité symétrique des situations ». En effet, celles-ci ne sont pas comparables,et il serait mal venu de se livrer au jeu sinistre de la « concurrence des victimes». Comme l’écrivait le Palestinien Edward Saïd, «il y a suffisamment de souffrance et d’injustice pour tout le monde».
Par la Rédaction
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