Ancien membre du gouvernement Balafrej puis vice-président de la CGEM, Ahmed Benkirane a bien connu Mehdi Ben Barka. Il raconte ses souvenirs.
La « dynamo » était son surnom au sein de l’Istiqlal. Cela lui allait bien. En effet, au lendemain de l’indépendance, Mehdi dirigeait le journal Al Alam, l’organisation interne dans les différentes régions, les relations avec les partis frères et alliés étrangers, et j’en passe. Très jeune, il s’est imposé grâce à son énergie, à son esprit d’initiative et aussi à son charme car il savait être séducteur à l’occasion. Sa modeste maison était une véritable ruche où se pressaient des militants de toutes sortes et de toutes les régions du pays. Les gouvernements se constituaient (à quelques exceptions près) dans cette maison, véritable QG du parti. Pour sa famille, réduite à vivre à l’étroit, il a dû construire une annexe à l’étage.
Voici Mehdi en ces temps glorieux du parti. Mais la « dynamo » s’est cassée avec la scission, puis les procès et enfin l’exil. La vieille garde de l’Istiqlal commençait à s’inquiéter des agissements de ces jeunes loups qui voulaient s’accaparer le parti avec armes et bagages, et diriger le pays vers le socialisme en opposition avec ses orientations. Le Palais aussi. Même au sein des milieux démocrates, les plus favorables à Mehdi et ses compagnons, on estimait que le contexte n’était pas favorable à ces bouleversements de tendance. Sur le plan politique, l’indépendance était encore fragile : désordres internes, bases militaires françaises et américaines, guerre en Algérie et ses répercussions au Maroc. Sur le plan économique, le pays était exsangue : fuite des capitaux français, paralysie de beaucoup d’entreprises, appartenance à la zone franc et gestion des devises par Paris…
Par Ahmed Benkirane
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