Les chrétiens marocains osent de plus en plus revendiquer leur foi. Quels sont leurs droits et comment évaluer les risques qu’ils encourent? Quel est le rôle de l’Etat dans la route vers la liberté de culte ? Eléments de réponses d’un philosophe et libre-penseur.
Dans le cadre législatif et constitutionnel, un Marocain a-t-il aujourd’hui le droit de se convertir au christianisme ? Quelle est votre lecture des textes législatifs à ce sujet ?
En principe, ce droit existe. Mais le traitement de ce genre d’affaire est bien complexe. Il y a trois ans, un jeune garçon résidant dans un village de la région de Fès a été accusé de conversion au christianisme. Lors de son procès, l’accusation a mis l’accent sur ses intentions supposées de faire du prosélytisme ainsi que sa capacité à «ébranler la foi des musulmans». Je vous avoue que le sens de cette expression m’échappe encore. Comment peut-on prouver juridiquement cette hypothèse ? Pour avoir suivi le dossier, nous avons assisté au final à l’acquittement du jeune homme. Ce dénouement est la preuve qu’aucun élément constitutionnel ou juridique ne condamne explicitement la conversion d’un Marocain au christianisme. Cependant, des accusations, cette fois d’ordre pénal, comme le prosélytisme ou l’ébranlement de la foi des musulmans, sont autant d’outils se référant au Code pénal pour incriminer, et surtout décourager, les personnes qui se convertissent. Il existe une autre rhétorique justifiant la détention de ces individus. Il s’agit, selon les autorités, de les protéger contre la colère de la foule.
Propos recueillis par Sami Lakmahri
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