Le milieu du XIVe siècle marque un véritable tournant dans l’histoire du Maghreb. Les Mérinides échouent dans leur tentative de rééditer l’empire almohade, ce qui conduit à la tripartition définitive du Maghreb, avec les Abdelwadides de Tlemcen et les Hafsides de Tunis, aux côtés du royaume de Grenade qui perdure jusqu’en 1492. L’instabilité dynastique reflète la puissance des forces oligarchiques. L’économie est affectée par le fléchissement des grands axes du commerce saharien vers les débouchés orientaux. Et « last but not least », la région est touchée par le fléau méditerranéen de la Grande Peste. On a souvent associé la conscience de la crise avec le génie d’Ibn Khaldûn qui a élaboré une théorie de l’histoire et de la société, reconnue comme une grande œuvre à portée universelle. Or, c’est un peu l’arbre qui cache la forêt. On connaît le voyageur Ibn Batûta, mais on connaît moins bien l’œuvre géniale et multi-dimensionnelle d’Ibn al-Khatîb, l’historien Ibn Marzûq, le mathématicien Ibn al-Bannâ, et Al-Shâtibî, rénovateur de la pensée juridique musulmane et fondateur du « fiqh al-Maqâsid ». Ce dossier est loin d’être exhaustif. Néanmoins, il présente quelques figures, tout en multipliant les approches, entre le vécu, les idées, et le contexte de l’époque.
Dans son beau roman historique Samarcande, Amin Maâlouf a évoqué trois figures représentatives de l’histoire de l’Orient musulman du XIe et début du XIIe siècles : le poète Omar Khayyâm, le ministre et théoricien du pouvoir Nizâm al-Mulk, et Hassan al-Sabbâh, fondateur de l’ordre des « Hashâshîn ». Si l’on passe de l’espace persan à l’espace maghrébo-andalous, trois siècles plus tard, nous rencontrons trois grandes figures qui expriment l’atmosphère politique et intellectuelle de l’époque : Ibn Marzûq, Ibn al-Khatîb et Ibn Khaldûn. Les trois ont vécu des parcours croisés qui font penser à l’adage selon lequel la réalité est parfois plus forte que la fiction.
Par la rédaction
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