Nadir Bouzar, alias Abdelkader, est un résistant d’une autre trempe. Franco-algérien de naissance et fonctionnaire sous le Protectorat, il soutiendra la résistance armée, avant de se retrouver otage de son engagement pour l’indépendance du Maroc et de l’Algérie.
Qui se rappelle aujourd’hui de Nadir Bouzar, cet Algérien intrépide qui a pris fait et cause pour l’indépendance du Maroc en démissionnant avec fracas de l’administration française du protectorat ? Pratiquement personne. Quand en octobre 2013, les autorités marocaines rendirent hommage à cet Algérien en commémorant, soixante ans plus tard, l’odyssée du Dynah, du nom de ce yacht égyptien affrété par les services secrets égyptiens pour acheminer des armes pour l’Armée de libération nationale algérienne (ALN) et l’armée de libération marocaine (ALM), l’homme qui aurait pu le mieux parler de lui, Abdelkrim El Khatib, était mort depuis cinq ans. La commémoration, qui eut lieu à Ras El Ma, dans la province de Nador, lieu où le Dynah débarqua sa cargaison, en présence de la famille Bouzar, des autorités marocaines et de représentants algériens, fut mécaniquement reprise par quelques médias, marocains et algériens qui, au-delà de l’hommage poli rendu à cet illustre inconnu, ne savaient en fait rien du personnage.
Affectation dans l’Oriental
Qui était Nadir Bouzar ? En réalité, il s’appelait Raymond Bouzar, dit Nadir Bouzar, fils de l’Algérien Abdelkader Bouzar et de la Française Armida Caterina Martinelli. La date et le lieu de sa naissance sont assez flous pour des raisons qui lui appartiennent et qui sont inhérentes au combat qu’il menait contre la puissante France. Est-il né à Miliana (wilaya de Aïn Defla), la cité autrefois capitale de l’éphémère califat de l’émir Abdelkader au XIXe siècle, comme le suggèrent certains ouvrages algériens ? Ou plutôt à Rabat, au Maroc, comme le signalent des documents d’archives français ? La seconde hypothèse n’est peut-être pas la bonne. Par contre, on sait qu’il est né le 1er mars 1917. Après son baccalauréat, il obtient deux certificats supérieurs, l’un en études latines et l’autre en littérature française.
Par Adnan Sebti
La suite de l’article dans Zamane N°54