Le Maroc a souvent présenté, à travers sa longue histoire, les caractéristiques d’un pays riche. C’est que, bien avant le phosphate qui nourrit littéralement le royaume au moins depuis le début du XXème siècle, le sol et le sous-sol marocains recelaient bien des richesses. Du sel au fer, en passant par le cuivre, l’argent et le sucre, les Marocains ont appris à tirer profit de certaines des ressources naturelles dont le ciel les a dotés. Les plus anciens gisements remontent au moins au Moyen Âge, pour ceux qui ont été formellement identifiés. D’autres feraient remonter leurs origines dès l’antiquité… Mais l’extraction et l’exploitation ont souvent créé des tensions, parfois des guerres, pour le monopole et ce qu’on pourrait appeler aujourd’hui le droit de propriété. Qu’elle soit à Fès ou Marrakech, l’autorité centrale s’est ainsi retrouvée, la plupart du temps, en conflit ouvert avec les tribus locales. Et le Maroc a fini par présenter cet étrange paradoxe : un pays riche… mais un peuple pauvre. Comment expliquer, scientifiquement, cette situation qui n’a pas totalement disparu au fil du temps ?
Zamane convoque l’avis de spécialistes et d’experts pour remonter le cours de l’histoire marocaine. Un voyage étonnant, plein de surprises, qui nous mène de l’antiquité jusqu’aux portes du temps présent.
Les sources historiques ne nous fournissent pas de données statistiques sur le volume des richesses minérales que le Maroc possédait à l’époque médiévale. Mais elles nous donnent des indications intéressantes quant à la répartition géographique de ces richesses, et au niveau d’abondance d’une région à l’autre. Nous allons essayer de sonder ces richesses à partir du rôle qu’elles ont joué les échanges commerciaux du royaume, notamment dans la période s’étendant du VIIIème au XIIIème siècle.
Quand le sel valait de l’or
Les géographes médiévaux sont unanimes : le sel vient en tête des exportations marocaines dans le Moyen Âge. Ce sel était puisé dans les mines d’Awlil, à environ un mois de marche de la ville d’Awdaghust qui se trouvait dans «Bilad As-Soudan» (ou le «Soudan nigérien», en Afrique de l’Ouest). Ces faits sont mentionnés par Ibn Hawkal dans son livre «Sourate al ard (l’image de la terre)» dès le Xème siècle, et confirmés par Al Bakri un siècle plus tard. La saline d’Awlil est mentionnée pour la première fois donc par le géographe Ibn Hawkal, qui écrit que «sur le parallèle d’Awdaghust, dans la direction de l’ouest, il y a Awlil qui est là où commence la mer et où finissent les terres cultivée, et qui est une mine de sel de la région occidentale».
Al Bakri a confirmé ces informations, précisant que l’emplacement d’Awlil se trouvait sur la côté atlantique. Plutôt qu’une saline de surface où le sel s’accumule par évaporation, il s’agit vraisemblablement d’une exploitation de sel gemme qui, débité en barres, pouvait supporter sans grandes pertes pour les convoyeurs et les marchands les aléas d’un transport terrestre par caravanes.
Par la rédaction
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