Tour à tour capitale romantique, capitale diplomatique, puis cité internationale, Tanger aura été également capitale de l’espionnage. Retour sur une réalité largement mythifiée.
En inspirant les cinéastes du monde entier, la ville du détroit a su jusqu’à nos jours pérenniser son mythe. C’est que Tanger est sans doute la plus atypique des villes marocaines. Alors que Fès, Meknès, ou encore Marrakech se morfondent dans l’intolérance qui marque la société marocaine du XIXe siècle, l’ancienne Tingis accueille de plus en plus et dès le début des années 1850, une importante communauté d’Européens, formée pour la plupart de commerçants et de diplomates. En 1912, la vocation internationale de la ville est confirmée alors que les puissances européennes préparent la Première Guerre mondiale. Le mythe commence à prendre forme. Tanger devient alors le paradis des services secrets.
A l’aube du XXe siècle, Tanger n’est pas seulement la capitale diplomatique du Maroc, mais également la «capitale diplomatique de l’Europe», selon les propos de Robert Chastel, auteur de Le vieux Maroc insolite.
Une capitale de l’Europe
Pas moins de douze ambassades européennes, ajoutées à l’ambassade américaine, s’y côtoient. « Quand elles (les ambassades, ndlr) ne se transmettaient pas de renseignements, elles s’épiaient les unes les autres. C’était un véritable nid d’espions », écrit Chastel. Avec la visite aussi triomphale que provocatrice du Kaiser Guillaume II en 1905 à Tanger, les tensions diplomatiques entre les puissances européennes sont à leur paroxysme. Les activités d’espionnage aussi. La Première Guerre mondiale, qui dure jusqu’en 1918, aura comme effet de chasser tous les Allemands de la ville, diplomates compris. Une trentaine d’années plus tard, les puissances européennes s’entretuent à nouveau. L’Espagne franquiste, restée neutre durant la Seconde Guerre mondiale, saisit cette occasion pour occuper la ville et rendre caduc son statut «international». Mieux, les Espagnols donnent leur accord afin qu’une ambassade allemande s’implante à Tanger. Les Nazis choisissent alors le palais du Mendoub comme bâtiment pour leur représentation diplomatique, sur le toit duquel flotte désormais le drapeau nazi.
Par la rédaction
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