Entre 1661 et 1684, la ville de Tanger est sous souveraineté anglaise. Cédée en cadeau de mariage par les Portugais, la cité du Détroit devient ainsi le seul territoire marocain à avoir été contrôlé par les Anglais. Si pour ces derniers, cet épisode promet des perspectives coloniales inédites, ils finissent par céder à la pression politique et militaire du Makhzen…
« Un joyau d’une inestimable valeur ». C’est ainsi qu’était perçue Tanger par Charles II, roi d’Angleterre, d’Ecosse et d’Irlande (1660-1685). Pourtant, cette précieuse parure ne garnit pas bien longtemps la couronne britannique. À peine 23 ans après une occupation exclusivement militaire, les Anglais quittent Tanger sans gloire. Mais cette expérience, aussi courte soit-elle, fait prendre conscience aux stratèges anglais de la valeur inestimable du détroit de Gibraltar. Et si le Royaume-Uni veut devenir une superpuissance mondiale, il valait mieux en avoir le contrôle. Le Rocher du même nom, situé entre l’Afrique et l’Europe, est alors convoité par la monarchie britannique qui l’arrache par un coup de force aux Espagnols. Ces derniers, qui se l’étaient approprié dans le sillage de la Reconquista en 1492, le cèdent officiellement aux Anglais par le Traité d’Utrecht en 1713. Gibraltar est ainsi le second épisode de l’implantation des britanniques en méditerranée occidentale, vingt ans à peine après avoir quitté l’antique cité de Tanger. Et lors de ce premier opus, les Anglais font connaissance avec le terrain africain, la politique habile du Makhzen et la rudesse guerrière des tribus du nord du Maroc.
Par Sami Lakmahri
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