Evoquer l’histoire du Nord, c’est aussi redonner sa place à cette grande figure qui a inspiré la jeunesse nationaliste et dont l’action réformiste a dépassé nos frontières. Portrait d’un moderniste qui a troqué une vie de riche commerçant contre un destin politique, trop souvent oublié.
Il n’est pas rare que l’histoire officielle, ici ou ailleurs, fasse des impasses sur des événements ou des personnes, encense d’autres ou tende à magnifier certains faits. Prenons le cas de Abdessalam Bennouna. Cela vous dit-il quelque chose ? Pas vraiment. Ce nom vous est pourtant familier. Une riche famille de Fès ou de Tétouan, d’origine andalouse comme son nom l’indique (Ben Una) ? Un diplomate, peut-être ? Mais Abdessalam Bennouna, vous ne voyez pas. Ne vous méprenez pas, personne ne vous a parlé de cette figure, aucun manuel d’Histoire ne le mentionne, aucun programme de télévision n’en parle, aucun journal n’en fait état. Pire, aucune rue ne porte son nom, ni dans sa ville natale, Tétouan, ni ailleurs dans le pays. Sa mémoire n’est vivace que chez quelques vieux routiers du nationalisme marocain, habitués à se retrouver entre eux pour ressassersouvenirs etamertumes. Ils continuent à pâtir d’une schizophrénie qu’ils gèrent par un discours osé en privé, et un autre, usé, en public. De l’autre côté, chez nos anciens administrateurs coloniaux, gît une partie de notre mémoire, dans leurs archives que nous commençons à récupérer. Mais, notre atout majeur, c’est de disposer de suffisamment de recul pour aborder l’histoire du mouvement national de manière dépassionnée. Dans ce grand chantier ouvert, nous ne pouvons faire l’impasse sur Abdessalam Bennouna.
Par Hassan Aourid
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