Le grand public ne connaît que le Manifeste de l’indépendance du 11 janvier 1944, pourtant l’histoire du nationalisme marocain en compte plusieurs. En 1943, les nationalistes du Nord avaient déjà diffusé leur propre manifeste.
Souvent ignoré par les chroniqueurs, voire même des historiens sérieux, le Manifeste de l’indépendance du 14 février 1943 a pourtant devancé celui de l’Istiqlal, le seul à être aujourd’hui célébré. Il s’agit d’un texte rédigé de la main même du leader charismatique du Nord, Abdelkhalek Torres (1910-1970), et rendu public par le Front patriotique national, composé du Parti national des réformes (PNR) et du Parti de l’unité marocaine (PUM). Signé par Abdelkhalek Torres et Mohamed El Mekki Naciri, secrétaires généraux de ces deux partis, cedocument a été envoyé au sultan et remis aux consuls des puissances occidentales à Tétouan et à Tanger. Pourquoi ce Manifeste des nationalistes du Nord a-t-il été relégué à l’oubli ? Pourquoi des historiens, comme ceux qui ont rédigé L’histoire du Maroc récemment éditée par l’Institut royal pour la recherche sur l’histoire du Maroc (IRRHM), ont-ils occulté cette revendication du Nord ? Du phénomène de revendication d’indépendance, la mémoire collective n’a en effet retenu que le Manifeste du 11 janvier 1944, initié par le Parti de l’Istiqlal (PI) naissant. Les autres démarches, comme celle du Nord, ou celle des communistes en février 1935, ou encore celle des amis de Hassan Ouazzani, le 13 janvier 1944, ont été considérés comme des non-événements.
Par Mostafa Bouaziz
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