Evoquer l’espace maritime au Maroc est une double équation. Celle de la mer Méditerranée puis celle de l’océan Atlantique. Par la Méditerranée, il concourt au récit des civilisations premières, des Grecs aux Phéniciens en passant par les Carthaginois et les Romains. Par l’Atlantique, il prend part à l’épopée lusitanienne. C’est ensuite avec l’Amérique, une fois celle-ci découverte à la fin du XVème siècle, qu’il lie des liens géopolitiques. A la croisée de l’Orient et de l’Occident, du Nord et du Sud grâce à sa surface maritime, Zamane vous racontecette fabuleuse histoire du Maroc et de la merdepuis l’aube des temps à nos jours.
Àpartir du VIIème siècle et de l’avènement de l’islam dans le Hejaz, la donne change. Ce n’est plus un peuple de marins accoutumés aux vagues, mais un peuple de guerriers venus du désert d’Arabie qui vont prendre d’assaut le Maghreb al-Aqsa. Les Arabesvont donc devoir s’adapter à la mer et à l’océan, seuls moyens de dominer ces finis Terrae que sont la Maurétanie et l’Ibérie. Cette immensité anxiogène qu’est l’Océan atlantique pour ces descendants de bédouins, il leur faut commencer d’abord par la nommer. Ce sera bahr al-muhit, c’est-à-dire la mer qui entoure l’ensemble de l’œkoumène. Posé autrement, au-delà de cette vastitude pèse indéniablement l’inconnu. Le célèbre géographe al-Idrissi, dès le Xème siècle, rapporte dans «Les aventuriers de Lisbonne», le récit de huit marins ayant échoué du côté de Safi après un mois de navigation dans l’Atlantique. Leur témoignage est empreint de peur : «Aux vagues énormes, aux nuées épaisses, aux écueils nombreux, à peine éclairée par une faible lumière». Cette obscurité qu’ils décrivent deviendra un leitmotiv au point que l’océan incarne définitivement le mare tenebrarum oubahr al-zulumat.
Par Farid Bahri
Lire la suite de l’article dans Zamane N°163