Malgré le respect qu’ils avaient l’un pour l’autre, les deux grandes figures de l’Istiqlal, sans doute rattrapées par leurs différences, ont fini par «divorcer», brisant définitivement l’élan du «parti-nation».
Fin janvier 1959, Allal El Fassi réunit une conférence de presse pour annoncer, entre autres, la mise à l’écart de Mehdi Ben Barka du Comité exécutif (CE) de l’Istiqlal. Ce n’est qu’un baroud d’honneur puisque le futur fondateur de l’UNFP ne participe plus aux réunions du CE depuis deux mois. Mieux, Ben Barka annonce lui-même, dans la nuit du 24 au 25 janvier, sa démission. Il clarifie ainsi, in extremis, sa situation quelques heures avant l’éclatement au grand jour du parti-nation. La réunion simultanée de congrès régionaux extraordinaires du parti dans plusieurs grandes villes du pays, le 25 janvier 1959, officialise le schisme de facto qui agitait le parti depuis de longs mois.
De fait, le verre est dans le fruit depuis avril 1958. Durant ce printemps, le Maroc a vécu une double crise au sein du gouvernement entre les Istiqlaliens et ceux qu‘on pourrait appeler les «monarchistes». Cette première crise finit par provoquer la chute du gouvernement Mbarek El Bekkaï. Celui-ci est un inconditionnel du palais. Il est très proche du prince héritier Moulay Hassan, d’Abdelkrim Khatib et de Mahjoubi Aherdane, qui sont tous les trois des anti-Istiqlaliens notoires. Plus précisément, le prince héritier n’a rien à craindre du modéré et monarchiste Secrétaire général de l’Istiqlal Ahmed Balafrej. Mais il considère que toute action durable menée, main dans la main, par le duo El Fassi-Ben Barka entrainerait une grave crise politique pour le palais. Elle gênerait notamment la propension de ce dernier à dominer l’espace politique national, tout en faisant de la sécurité sa chasse gardée.
Par la rédaction
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