Militaire de carrière, promu à des responsabilités de premier rang, Emilio Blanco Izaga est une des figures les plus mystérieuses qui ont gouverné le Rif colonial et ses «indigènes». Incompris par ses compatriotes, il reste pourtant une personnalité incontournable dans l’histoire du protectorat espagnol.
Peut-on avoir de l’empathie pour un militaire africaniste espagnol, un colonialiste, franquiste de surcroît ? La question peut légitimement être posée puisque le Maroc a été, au-delà de la controverse pour savoir si notre pays a bénéficié ou non de la «civilisation» apportée par l’Occident, une victime des impérialismes, grands et petits qui, du XIXe siècle jusqu’à la fin du Protectorat, ont mis les yeux puis la main sur le pays.
Vicente Moga a passé dix ans de sa vie à éplucher la vie et l’œuvre méconnue d’Emilio Blanco Izaga, une personnalité iconoclaste et incontournable du Maroc sous protectorat espagnol, tout particulièrement du Rif. À la fin de son travail, qui a donné lieu à une monumentale biographie, El Rif de Emilio Blanco Izaga (Le Rif d’Emilio Blanco Izaga), Moga a fini par s’identifier à son personnage, sympathiser avec l’objet de son étude jusqu’au point de se considérer aujourd’hui comme un Rifain, un « indigène » de plus, écrit-il dans le sens non péjoratif du terme. Avant Vicente Moga, dans les années 1950, un autre chercheur, l’anthropologue américain David Montgomery Hart, s’était intéressé à cet officier supérieur devenu un des plus grands berbéristes de son époque par la force de ses écrits, souvent inédits, et de ses observations sur un monde, le Rif d’avant l’Indépendance, aujourd’hui disparu. Au cours de ses recherches sur la tribu des Aït Ouriaghel, Hart découvre Blanco Izaga comme on découvre une pépite d’or.
Par Adnan Sebti
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