Après de longs mois de tractation, le sultan Moulay Hafid (1908-1912) accepte d’abdiquer dans la foulée de l’instauration du Protectorat sur le Maroc. C’est le 12 août 1912 qu’il remet à Hubert Lyautey la lettre officielle de son abdication, qui sera lue dans toutes les mosquées du pays. C’est ce même jour que le désormais ancien sultan décide de quitter le Maroc pour l’Espagne, avant, explique-t-il, de faire son pèlerinage à la Mecque. Lorsque ce jour fatidique arrive, Moulay Hafid se montre très nerveux et repousse son embarquement jusqu’en fin d’après-midi. Dans son livre «Confessions d’un vieux diplomate» le comte de Saint-Aulaire, chargé d’affaire à Tanger et artisan de l’installation du Protectorat, décrit la le départ du sultan déchu dont il est témoin : «Après bientôt quarante années, je n’ai pas oublié cette scène : dans une barcasse, en franchissant la barre très dure ce jour là, le sultan Moulay Hafid, entre deux énormes lames et deux nausées (c’était son baptême de la mer) tirant de sa sacoche de cuir rouge le dahir promis et le tendant au général Lyautey qui, en échange, lui remettait le chèque d’un million pour ses menus plaisirs à Paris. Quelques instants après, notre barcasse au 28 rameurs, sans autres passagers que Sa Majesté, le général Lyautey, et Kaddour Benghabrit que je retrouvais toujours dans les moments difficiles, accostait l’échelle de notre croiseur ‘du Chayla’, désigné pour conduire le sultan à Marseille». Revenu à terre, Lyautey aurait dit à ses officiers : «Voilà, et maintenant nous allons pouvoir faire le Maroc».
Aucun Résultat
View All Result