Entre 1912 et 1952, deux urbanistes ont transfiguré la ville, tout en lui apportant un style architectural unique au monde. Retour sur une période qui a transformé l’âme de la ville blanche…
Àl’aube du XXème siècle, Casablanca cristallise à elle seule la vision qu’ont les colons français du Maroc : un terrain vierge, où tous les fantasmes sont possibles. Ainsi, dès l’instauration du Protectorat en 1912, le maréchal Lyautey souhaite faire des grandes villes du Maroc, et tout particulièrement Casablanca, un espace dédié à l’urbanisme expérimental. Plus encore, il aspire à faire de Casablanca le symbole d’un Maroc futur, à la fois moderne, dynamique et ouvert. L’homme choisi pour cette mission hors norme ne sera autre qu’un certain Henri Prost. Son pedigree? En plus d’une formation complète aux Beaux-Arts de Paris et d’un séjour à la villa Médicis de Rome, Prost est déjà lauréat d’un plan pour l’extension de la ville française d’Anvers en 1910. Cet urbaniste tout juste quadragénaire, fort d’une solide expérience et chaudement recommandé par ses pairs, débarque donc au port de Casablanca en février 1914, pour devenir directeur du service spécial d’architecture et des plans des villes. Un colonel lui présente alors la ville depuis l’immeuble Paris-Maroc «où il vit à ses pieds l’indescriptible chaos enserrant la médina, puis au-delà, la rade dont il découvrit, d’un coup, la possibilité d’aménagement en grand port. Joindre la ville à la rade, ouvrir la porte océane, y conduire le boulevard du IVème Zouave, complétaient cette vision d’avenir, qu’il concrétisa ultérieurement dans un croquis», rapporte Joseph Marrast, dans un ouvrage intitulé L’oeuvre de Henri Prost, architecture et urbanisme (Académie d’architecture, 1960).
Par Younes Messoudi
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