Retour, à travers le cas François Della Sudda, récemment décédé, sur tous ces Français qui ont aidé le Maroc et les Marocains dans leurs combats politiques et, peut-être encore plus, humanistes.
Le Maroc a toujours eu de fidèles amis et de solides appuis en France. De grands hommes, influents dans leur société, ont manifesté leur soutien dans les périodes critiques de notre histoire contemporaine. François Mitterrand, par exemple, avait démissionné du gouvernement Joseph Laniel en 1953 pour protester contre la déportation du sultan Ben Youssef. Alain Savary et Robert Verdier en firent de même. Après l’indépendance, d’éminents intellectuels soutiennent la quête d’émancipation des Marocains : Charles André Julien, Jacques Berque, François Mauriac, Jean Lacouture et bien d’autres se rangèrent du côté de la gauche, particulièrement l’UNFP. Dès 1963, ils dénoncèrent les arrestations et l’utilisation de la torture (procès de Rabat).
Lucie Aubrac aussi
À cette époque, François Della Sudda enseigne le français à Rabat, au lycée Moulay Youssef. Il fait partie de ces jeunes Français qui ont opté pour la coopération avec le Tiers-Monde plutôt que de faire leur service militaire. Nous les appelions les «tout à 1000» car leurs émoluments mensuels étaient de 1000 dirhams, quelle que soit leur fonction. J’étais l’un de ses élèves en 5ème année secondaire (1962-1963). Une année charnière dans l’histoire du Maroc, avec la promulgation de la première Constitution du royaume et le déclenchement de la Guerre des sables avec l’Algérie, fraîchement indépendante. Deux enseignants français ne restèrent pas neutres face à ces évènements : François Della Sudda et Lucie Aubrac, grande figure de la résistance en France et professeure d’histoire au lycée Moulay Youssef à Rabat.
Par Brahim Ouchelh, ancien militant UNFP
La suite de l’articlr dans Zamane N°84