Victimes de racisme, et surtout d’ignorance (celle des autres, mais aussi la leur), les Arabes ont été peu à peu écartés de la grande histoire du monde. Comment une telle catastrophe, et une telle injustice, ont-elles pu se produire au fil des siècles ? Eléments de réponse.
Il y a de quoi être excédé quand on est pris entre deux feux, tous les jours, depuis des décennies: d’un côté le racisme, l’ignorance et ceux qui confondent «Arabe» et «islamiste» ; de l’autre, certains Arabes, qui leur facilitent la tâche, par leur esprit borné ou leur fanatisme religieux. La partie n’est pas simple – et les coups pleuvent des deux côtés, pour celui qui est pris, à son corps défendant, dans les feux croisés.
«Nous ne devons rien aux Arabes», disent-ils
Je me souviens d’un incident curieux qui se produisit en 2004 en Angleterre. Un célèbre animateur de télévision, Robert Kilroy-Silk, fut renvoyé par la BBC pour avoir publié dans le Sunday Express un article intitulé «We owe Arabs nothing» («Nous ne devons rien aux Arabes»). La décision de la BBC était inéluctable non pas à cause du déluge de lettres indignées qu’elle reçut (elle aurait pu faire le dos rond, elle en a l’habitude) mais à cause du petit nombre de messages sereins, précis et parfaitement informés qui lui montrèrent qu’en réalité «nous» devons beaucoup aux Arabes. Autrement dit, Kilroy-Silk n’avait pas commis un crime (le racisme) mais une faute (l’ignorance) – et nous savons depuis Fouché que c’est pire.
Par Fouad Laroui
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