Dès l’installation du Protectorat en 1912, le général Hubert Lyautey décide le transfèrement de la capitale de l’empire chérifien depuis Fès à Rabat. La décision n’est pas pour plaire à tous, malgré les atouts de cette cité séculaire qui finiront par la privilégier aux yeux des futurs colons du Maroc.
Durant l’été 1907, le sultan Abdelaziz rassemble ses soldats et supporters à Rabat. Il est décidé à donner une leçon inoubliable à son frère Moulay Abdelhafid qui ose lui contester le trône. De fait, la bataille qui a lieu finalement à quelques dizaines de kilomètres au sud de Rabat est décisive et historique. Les forces aziziennes sont battues à plate couture par les partisans de son frère. C’est vraiment la débandade dans les rangs des soldats du jeune sultan. Ils se lancent dans une course éperdue en direction du nord et ne s’arrêtent qu’à quelques encablures de Rabat. C’est que cette ville est déjà perçue comme la capitale estivale de Moulay Abdelaziz qui n’apprécie guère la fournaise qui règne à Fès durant les mois d’été. Il s’y déplace aussi cette fois pour y rencontrer des officiers supérieurs français, venus le conseiller à propos du combat contre son frère et des réformes dont son régime a besoin.
Lyautey opte pour la cité almohade
Mais pourquoi viennent-ils à Rabat et non à Fès, la capitale ? C’eût été donné plus de solennité à leur acte. De fait, la cité almohade est sur le plan strictement sécuritaire beaucoup mieux placée que Fès. Elle a l’avantage de se situer sur la côte et donc facilement accessible aux troupes étrangères. Celles-ci peuvent également, en cas d’urgence, s’en retirer sans trop de dégâts. C’est l’une des raisons qui poussent le général Hubert Lyautey en 1912 à opter pour Rabat comme nouvelle capitale de l’Empire chérifien, et ce, malgré les fortes résistances au sein de la Chambre des députés travaillée, entre autres, par le lobby « algérien » à Paris.
Par Maâti Monjib
La suite de l’article dans Zamane N° 55