Dès l’instauration du Protectorat au Maroc, l’armée française institue la prostitution. L’activité est encadrée par les normes strictes d’une véritable profession qui a donné lieu à l’émergence de bordels militaires de campagne et de de maisons closes en ville.
Si l’on ne devait retenir qu’un seul aspect du fantasme colonial en pays d’Orient, ce sera bien celui des filles de joie à portée de main en terre indigène. La guerre de conquête, commencée au Maroc en 1903, a bien confirmé cette donne qui fut monnaie courante dans tous les territoires sous administration coloniale française. Pendant cette période allant jusqu’à 1934, l’armée française confirma son extension dans l’empire colonial (Algérie, Madagascar, Antilles, etc.). Les veuves et les orphelines se comptaient par milliers. Parmi celles-ci, comme le précise le chercheur Mustapha El Qadéry, une majeure partie des épouses et des enfants des disparus furent intégrées au rang des prostituées qui servirent dans les quartiers réservés et les colonnes militaires. L’étude de l’historienne Christelle Taraud en la matière a montré que dans chaque territoire où l’intrusion française réussissait, une des premières mesures était effectivement de penser à organiser les activités de prostitution.
Par Ghita Zine
La suite de l’article dans Zamane N°55