Sel, argent, cuivre, fer : telles étaient les principales ressources du Maroc médiéval. Mais leur exploitation a créé des tensions et des conflits quasi permanents : entre le Maroc et ses voisins du Sud, mais aussi entre les tribus et l’autorité centrale à Fès ou Marrakech.
Les géographes médiévaux sont unanimes : le sel vient en tête des exportations marocaines dans le Moyen Âge. Ce sel était puisé dans les mines d’Awlil, à environ un mois de marche de la ville d’Awdaghust qui se trouvait dans «Bilad As-Soudan» (ou le «Soudan nigérien», en Afrique de l’Ouest). Ces faits sont mentionnés par Ibn Hawkal dans son livre «Sourate al ard (l’image de la terre)» dès le Xème siècle, et confirmés par Al Bakri un siècle plus tard. La saline d’Awlil est mentionnée pour la première fois donc par le géographe Ibn Hawkal, qui écrit que «sur le parallèle d’Awdaghust, dans la direction de l’ouest, il y a Awlil qui est là où commence la mer et où finissent les terres cultivée, et qui est une mine de sel de la région occidentale».
Al Bakri a confirmé ces informations, précisant que l’emplacement d’Awlil se trouvait sur la côté atlantique. Plutôt qu’une saline de surface où le sel s’accumule par évaporation, il s’agit vraisemblablement d’une exploitation de sel gemme qui, débité en barres, pouvait supporter sans grandes pertes pour les convoyeurs et les marchands les aléas d’un transport terrestre par caravanes.
La rareté des sites producteurs faisait d’Awlil un site convoité, tant par les tribus de la région que par les Etats centraux, à Marrakech / Fès ou dans le «Soudan». Même si ces données n’ont jamais été formellement confirmées, il est couramment admis que l’exploitation du site, sous la dynastie Almoravide, était largement dévolue à l’Etat marocain, via la plateforme – relais de Sijilmassa.
Par Younes Messoudi
Lire la suite de l’article dans Zamane N°116