Depuis l’Antiquité, le Maroc a souvent été l’objet de convoitises en raison de ses richesses. Mais étrange paradoxe, son peuple a durablement été pauvre.
Dans l’imaginaire de ses voisins, proches et lointains, le Maroc débordait de richesses. Les Phéniciens établirent ainsi des ports de commerce sur ses côtes. L’imagination si fertile des Grecs affûta la légende des fruits en or dans le jardin d’Hespéris, où Hercule divisa les deux mondes. Le Maroc et l’Afrique du Nord étaient un réservoir de céréales pour Rome. Le pays est également resté associé à la richesse sous le règne de l’islam. Ainsi la monnaie almoravide, qui portait le nom de la dynastie, était la monnaie la plus forte non seulement dans l’Occident islamique, mais aussi dans l’Occident chrétien. Ironie du sort, les langues occidentales, en particulier l’espagnole, conserveront de cette monnaie, comme dans Don Quichotte, l’image d’une pièce jaune, d’un sous sans valeur. Il est vrai qu’entre temps les rapports de force avaient changé. Notre pays était célèbre pour ses objets d’artisanat de qualité. Et c’est pourquoi l’industrie du cuir et les industries connexes étaient associées au Maroc. On les désigne jusqu’à aujourd’hui par le vocable générique de maroquinerie. Cela sans oublier ses chevaux, dont la race authentique fut transférée de la région d’El Jadida au Brésil par les Portugais qui occupaient la ville à l’époque
Richesse et dénuement
Paradoxalement, cette richesse coexistait avec le dénuement. En effet, le pays est riche, sa population pauvre. C’est le paradoxe sur lequel Abdellah Ibrahim s’attarde dans son livre « Face à la tempête ». Les pays du Maghreb en général, et le Maroc en particulier, ont toujours été des contrées riches, et cela attirait les convoitises des grandes puissances du bassin méditerranéen. Celles-ci ont cherché par divers moyens à tirer parti de ces richesses. Les Phéniciens en faisant du commerce, les Romains par la conquête et la colonisation, les Vandales par l’installation et le peuplement avec tout ce que cela a provoqué comme ravages et destructions.
Par Hassan Aourid
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