L’une a été fondée par un prince originaire d’Orient, l’autre par un émir berbère venu de Mauritanie. Malgré un destin différent, Fès et Marrakech ont connu un destin croisé, des âges d’or et des heures sombres corrélés à la trajectoire de l’une et de l’autre. Récit.
Pour décortiquer l’ADN de Fès et Marrakech, il faut remonter à la naissance de ces deux cités impériales, fondamentalement différentes mais dont les destins se sont maintes fois croisés. La «capitale de l’islam marocain», Fès, est née au IXème siècle, soit cent ans après l’implantation de la religion musulmane, qui a peu à peu modifié les conditions de la vie urbaine. Son histoire démarre avec celle d’un prince originaire d’Orient, Idriss, descendant d’Ali, qui s’est révolté contre les Abbassides et a réussi à échapper à la répression du calife de Baghdad. Il se réfugie à Oualili (Volubilis) et est chaleureusement accueilli par la tribu berbère des Aouréba. En 788, et en grande partie grâce à sa qualité de chérif, il conduit une coalition de tribus berbères du nord au nom de «l’orthodoxie islamique» ; or il meurt en 793, probablement empoisonné par un émissaire du calife abbasside. Son fils, Idriss II, reprend l’oeuvre du patriarche et soumet le sud marocain ainsi que le pays de Tlemcen. Et décide de bâtir une capitale pour sa cour mi-berbère mi-orientale, sur un autre territoire que celui de Oualili. Notamment parce que les «anciennes religions» (le christianisme ou le judaisme par exemple) sont encore tenaces, mais aussi parce que le site dispose d’un positionnement géographique excentré.
Lire la suite de l’article dans Zamane N°99 (février 2019)